
Jour J pour Emmanuel Macron. Sa très emblématique réforme des retraites doit être définitivement adoptée par le Parlement ce jeudi. Mais le président de la République est confronté à un dilemme : aller à un vote incertain à l’Assemblée nationale ou engager l’article 49.3.
Cette dernière option risque d’attiser la colère de la rue. Même si la mobilisation s’essouffle, elle reste très soutenue par l’opinion publique. A Paris, le gouvernement a d’ailleurs décidé de passer en force dans le bras de fer qui l’oppose à la mairie au 10e jour de grève des éboueurs parisiens contre la réforme des retraites.
Les infos à retenir
> Le Sénat a adopté le texte, incertitude à l’Assemblée nationale
> Emmanuel Macron réunit les chefs de la majorité
> La huitième journée de mobilisation mercredi a été moins suivie que le 7 mars, point d’orgue de la contestation
» Les événements en direct de ce jeudi 16 mars
13h50 – Macron reverra Borne une dernière fois avant la séance de l’Assemblée
Emmanuel Macron doit revoir sa Première ministre Elisabeth Borne une dernière fois d’ici 15 heures, début de la séance finale de l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, a appris l’AFP auprès de l’Elysée.
Le chef de l’Etat s’est entretenu en tête-à-tête avec la cheffe du gouvernement après une réunion plus large à la mi-journée avec les ténors du camp présidentiel. Selon deux sources macronistes, Elisabeth Borne penche de plus en plus, faute de majorité assurée, pour faire adopter le projet contesté sans vote grâce à l’article 49.3 de la Constitution, qu’elle avait dit jusqu’ici vouloir éviter. Mais aucune décision n’a été prise à ce stade, ont précisé ces sources.
13h22 – Thomas Portes veut abroger le « service minimum » dans les transports
Le député LFI a proposé de « supprimer le service minimum » dans les transports publics, pour « sanctuariser le droit de grève » dans ce secteur. L’élu de Seine-Saint-Denis a dénoncé un « contexte de répression contre celles et ceux qui se mobilisent » contre la réforme des retraites.
Thomas Portes est de retour à l’Assemblée nationale après avoir été suspendu pour 15 jours de séance après un tweet le montrant le pied posé sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.
13h02 – L’intersyndicale réitère son appel à voter contre la réforme
« L’Assemblée nationale et le vote de ce jour ont un rôle crucial pour stopper cette réforme fondamentalement injuste et déconnectée de la réalité du travail. Les parlementaires doivent rassurer les citoyen-nes sur leur capacité d’écoute, sur l’intérêt qu’ils portent à leurs attentes et à leurs souffrances », a indiqué l’intersyndicale dans un communiqué commun diffusé ce jeudi. Les syndicats ont réitéré leur appel aux députés : « Mesdames et messieurs les député-es nous vous demandons solennellement de voter contre le projet de réforme des retraites ».
12h47 – Mathilde Panot (LFI) demande une enquête sur le ministre Le Maire
La cheffe de file des députés La France insoumise, Mathilde Panot, a demandé jeudi la saisine de la Cour de Justice de la République, après un article du journal Le Parisien évoquant un appel du ministre Bruno Le Maire à une élue LR pour la convaincre de voter la réforme des retraites. Selon l’article, le ministre aurait glissé à l’élue en question que le gouvernement saurait être « attentif » à sa circonscription.
L’appel de @BrunoLeMaire à une députée LR pour voter la réforme des retraites en échange de “moyens pour sa circonscription” n’est pas acceptable en démocratie.
C’est interdit par le code pénal.
Nous demandons à @Francois_Molins de saisir la Cour de Justice de la République👇 pic.twitter.com/TbD9EonqMR
— Mathilde Panot (@MathildePanot) March 16, 2023
« M. Le Maire aurait par conséquent proposé, sans droit et directement, une ‘promesse’ ou un ‘avantage quelconque’ à une personne investie d’un mandat électif public pour qu’elle accomplisse un acte prévu par son mandat de député », dénonce la députée insoumise.
12h22 – Début d’une réunion décisive à l’Elysée avec les ténors du gouvernementUne réunion décisive sur le sort de la réforme des retraites a débuté jeudi à midi à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron, avec les chefs du camp présidentiel et les poids lourds du gouvernement, dont la Première ministre Elisabeth Borne, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou Sébastien Lecornu. L’Elysée a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un Conseil des ministres.
Le chef de l’Etat doit trancher entre la possibilité d’aller à un vote à l’Assemblée nationale sur son projet phare ou la nécessité de recourir au 49.3. En cas de recours au 49.3, un Conseil des ministres doit auparavant donner son feu vert.
11h27 – Blocages des ports à Nantes-Saint-Nazaire, Brest et Le Havre
Les ports de Nantes-Saint-Nazaire, mais aussi ceux de Brest et du Havre, étaient à l’arrêt ce jeudi dans le cadre de la journée « ports morts » lancée par la CGT pour lutter contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, a appris l’AFP auprès des préfectures et de la CGT.
11h11 – FOCUS – Les 3 scénarios possibles pour la suite
Sans surprise, le Sénat a voté la réforme. Mais que se passera-t-il ensuite ? L’exécutif ira-t-il au front à l’Assemblée nationale ? ou va-t-il opter pour le 49.3 ? avec quelles conséquences ? Les réponses, ici :
11h05 – Marine Le Pen dénonce « corruption » et « magouilles »
« Il y a des propositions d’achats de votes, il y a des députés LR qui sont venus témoigner que des conseillers de ministres, des ministres eux-mêmes, les avaient contactés en leur disant : si vous votez pour, vous aurez tant de millions pour votre circonscription », a accusé la cheffe de file des députés Rassemblement national, sur BFMTV.
« Que l’on puisse considérer que c’est la règle du jeu me heurte profondément parce que ça s’appelle de la corruption », s’est-elle indignée, dénonçant « des manoeuvres, des magouilles » qui « décrédibilisent » ceux qui s’y livrent.
11h01 – Emmanuel Macron réunit à nouveau les chefs du camp présidentiel à midi
Après une première réunion ce matin, le chef de l’Etat réunira à nouveau à 12h00 à l’Elysée les chefs du camp présidentiel pour « refaire un suivi » avant de trancher sur la méthode afin de tenter de faire adopter sa réforme des retraites, selon des sources concordantes.
Le petit-déjeuner de crise a réuni ce matin, autour du chef de l’Etat, la Première ministre Elisabeth Borne, les ministres du Travail et des Relations avec le Parlement Olivier Dussopt et Franck Riester, les chefs des partis du camp présidentiel et de leurs groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, ainsi que la présidente de la chambre basse Yaël Braun-Pivet.
10h51 – Le Sénat adopte définitivement la réforme des retraites
Le Sénat a définitivement adopté dans la matinée le projet de loi du gouvernement sur la réforme du système de retraites. Le vote a été acquis par 193 voix contre 114, au terme d’une séance d’une heure trois quarts.
Bruno Retailleau (LR) sur le vote de la réforme des retraites au Sénat: “Ce vote ne signifie en aucun cas un soutien inconditionnel au gouvernement” pic.twitter.com/aUubgdllOc
— BFMTV (@BFMTV) March 16, 2023
Sans surprise, les groupes LR et centriste ont majoritairement voté en faveur de la réforme, joignant leurs voix aux groupes RDPI à majorité Renaissance et Indépendants. Mais 6 sénateurs LR ont néanmoins voté contre, de même que 7 centristes. 19 sénateurs LR se sont abstenus, ainsi que 13 centristes
9h57 – Laurent Berger (CFDT) craint les conséquences d’une « dette sociale »
Le passage de la réforme des retraites laisserait une « dette sociale » chez les travailleurs, qui risque d’être exploitée par les populistes et « particulièrement l’extrême droite », a craint jeudi le secrétaire de la CFDT Laurent Berger, sur FranceInfo.
“Vous ne pouvez pas voter une loi contre le monde du travail. Vous n’êtes pas représentants d’un parti mais des citoyens qui vous ont élu”, lance Laurent Berger aux parlementaires qui vont voter cet après-midi. “Pensez à l’avenir de notre démocratie.” pic.twitter.com/adoawQP233
— franceinfo (@franceinfo) March 16, 2023
9h36 – Bruno Retailleau (LR) évoque un vote « très, très, très risqué » à l’Assemblée
Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau a évoqué ce jeudi « un vote très, très, très risqué » sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, revoyant à la baisse le nombre de députés de son parti favorables au texte.
9h25 – Coup d’envoi du débat final au Sénat
Le Sénat a entamé à 9 heures ce jeudi les explications de vote sur le texte de compromis sur la réforme des retraites, un texte « profondément enrichi jour après jour et au fil de la discussion », a affirmé le ministre du Travail Olivier Dussopt. A l’issue des explications de vote, les sénateurs voteront une ultime fois avant l’étape très attendue dans l’après-midi de l’Assemblée nationale, qui détient la clé de l’adoption définitive du texte.
8h48 – En cas d’adoption du texte, « la colère et la contestation ne cesseront pas », promet Laurent Berger
Invité de franceinfo, le patron de la CFDT promet que « si la réforme est adoptée, la colère et la contestation de cette réforme ne cesseront pas au sens individuel et collectif ». « Ce ressentiment va continuer d’exister », a-t-il ajouté, imaginant une « suite » mais sans répondre directement sur la question de la poursuite de la mobilisation dans la rue.
8h26 – Les points clés de la version finale de la réforme
Après plus de huit heures de débats, les 14 députés et sénateurs de la commission mixte paritaire (CMP) sur les retraites ont fini par trouver un accord mercredi en fin d’après-midi sur une version finale du projet de loi réformant les retraites. Le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans a été confirmé, même si les parlementaires ont acté d’une « clause de revoyure » en 2027, avec un débat parlementaire.
Sur plusieurs autres points, la copie des élus est sensiblement différente de celle remise par le gouvernement en janvier. Tour d’horizon des modifications clés :
8h07 – « C’est un bon accord », juge Bruno Retailleau
« Les marqueurs de la réforme auxquels nous tenions plus que tout sont désormais gravés dans le marbre », salue le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, revenant sur l’accord trouvé mercredi en commission mixte paritaire (CMP). « C’est un bon accord, on partait avec un avantage puisque le seul texte qui avait été voté était celui du Sénat », ajoute-t-il sur Public Sénat.
7h54 – Emmanuel Macron réunit les chefs de la majorité au début d’une journée décisive
Le président de la République a invité les chefs de sa majorité ce matin pour une réunion de concertation au début d’une journée décisive et incertaine pour sa réforme des retraites qui doit être soumise successivement au vote du Sénat et de l’Assemblée nationale. Il a convié les chefs de partis et les chefs de groupes du camp présidentiel à l’Assemblée nationale, ainsi que sa présidente Yaël Braun-Pivet, a indiqué l’Elysée, alors qu’il est confronté à un dilemme : aller à un vote très serré ou engager l’article 49.3.
La Première ministre Elisabeth Borne et les principaux ministres concernés par la réforme des retraites sont également invités à ce petit-déjeuner, alors que le camp présidentiel cherche à évaluer dans la fébrilité le nombre de députés prêts à voter la réforme.
Tard mercredi soir, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il souhaitait bien un vote sur cette réforme, plutôt que d’utiliser la procédure de l’article 49.3, souvent comparée à un passage en force. Celle-ci permet une adoption sans vote mais elle expose le gouvernement à une motion de censure. « Rien n’est tranché », indiquait mercredi soir une source au sein de l’exécutif.
7h31 – A Paris, les éboueurs vont être réquisitionnés sur ordre du préfet
Le préfet de police de Paris a annoncé à Anne Hidalgo mercredi soir son intention de réquisitionner des agents municipaux pour ramasser les déchets qui s’accumulent dans les rues de la capitale.
Une mesure que la maire de la capitale avait refusé de faire au préalable.
7h – EDITO – Retraites : le choix de la raison
La réforme a certes des défauts, elle n’en reste pas moins indispensable pour consolider le système social français, analyse Etienne Lefebvre.
Les faits marquant de mercredi
> Quel bilan pour la 8e journée de mobilisation ?
Quatre jours après la chute constatée samedi dernier, la mobilisation contre la réforme des retraites a connu un léger rebond mais pas de fort ressaut mercredi à l’appel de l’intersyndicale. Au total 480.000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 37.000 à Paris, selon la police, contre 380.000 le week-end dernier. Par rapport au 7 mars, dernier jour de mobilisation en semaine, la chute est importante. Il y avait eu ce jour-là 1,28 million de manifestants dans tout le pays, selon le ministère de l’Intérieur.
La CGT a recensé elle 1,7 million de personnes dans la rue, contre 3,5 millions le 7 mars, soit deux fois moins. La décrue de la mobilisation se confirme.
> Jusqu’où pourra durer la mobilisation des salariés de la SNCF ?
Neuf jours après le déclenchement d’une grève reconductible à la SNCF, le taux de grévistes est nettement inférieur aux annulations de trains. Pour l’heure, l’unité syndicale tient toujours, mais les organisations doivent faire le point cette fin de semaine.
> L’hésitation des députés LR
Les Républicains sortiront de la séquence sur la réforme des retraites un peu plus divisés, sans ligne claire et cohérente aux yeux des Français.