
TOUT SAVOIR SUR LES VACCINS – Le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca a été approuvé par l’Agence européenne des médicaments. Le laboratoire avait d’ores et déjà annoncé des retards de livraison.
L’Union européenne s’enrichit d’un troisième vaccin après ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé, le 29 janvier, l’utilisation du vaccin AstraZeneca/Oxford contre le Covid-19, pour toutes les personnes âgées de 18 ans et plus. Le régulateur européen affirme que le vaccin est également adapté aux personnes âgées. Une décision qui ne tient pas compte des réserves émises par la commission de vaccination allemande. Cette dernière avait déconseillé le vaccin britannique pour les personnes âgées de plus de 65 ans, faute de preuves suffisantes de son efficacité sur cette tranche d’âge. Une assertion vivement démentie par AstraZeneca.
Le vaccin du laboratoire suédo-britannique, déjà déployé au Royaume-Uni, était très attendu par les pays européens inquiets des retards de livraison annoncés par le laboratoire le 22 janvier. Une information qui n’a pas été du goût de la Commission européenne contrainte de rappeler le laboratoire britannique à ses obligations. En France, AstraZeneca livrera 4,6 millions de doses de son vaccin d’ici fin mars, soit moitié moins qu’attendu.
Quant au groupe Pfizer, qui prévoyait également des retards, il se voit secouru par deux de ses concurrents. Le laboratoire français Sanofi commencera à mettre en flacons en juillet le produit de Pfizer/BioNTech dans son usine de Francfort. Le géant pharmaceutique suisse Novartis a annoncé faire de même sur son site de Stein, près de Bâle.
À l’autre bout de la chaîne, les centres de vaccinations sont en France à cours de doses de vaccin. Deux régions, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté, ont annoncé suspendre les primo injections à compter du 2 février afin de donner la priorité aux personnes qui doivent recevoir bientôt la deuxième injection. En Ile-de-France, les rendez-vous ont été décalés de 15 jours.
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Dans cet article régulièrement mis à jour, Le Figaro vous propose un point complet sur les vaccins et sur la campagne de vaccination en France:
- Où en est la campagne de vaccination?
- Qui peut se faire vacciner et quand ?
- Pfizer, Moderna, AstraZeneca… Quels sont les vaccins disponibles contre le Covid-19?
- ARN messager, vecteur viral, virus attenué… Quels types de vaccin?
- Pourquoi se faire vacciner?
- Doit-on craindre des effets secondaires?
1. Où en est la campagne de vaccination?
En France. Le gouvernement qui visait un million de personnes vaccinées à la fin janvier a largement dépassé son objectif. Au 28 janvier 2021, 1.349.000 personnes parmi les publics prioritaires ont reçu une première dose de vaccin en France selon le site VaccinTracker. On ne connaît pas encore le nombre de personnes ayant reçu les deux doses nécessaires pour être vaccinées. Le gouvernement prévoit que, fin février, 2,5 millions de personnes auront reçu une première dose. À la fin du mois d’août, selon le ministre de la santé, 70 millions de personnes seront vaccinées. La France, qui était loin derrière ses voisins européens en nombre de vaccinations par rapport à la population, rattrape son retard même si elle reste dans la queue du peloton. Selon le ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt, la campagne de vaccination coûtera au moins 4,3 milliards d’euros à l’État.
Dans le monde. Rapporté à la taille de la population, c’est Israël qui mène de très loin la course à la vaccination devant les Émirats arabes unis, les Seychelles et le Royaume-Uni. D’une manière générale, hormis quelques exceptions comme Israël, le pourcentage de population vaccinée reste très faible partout dans le monde.
2. Qui peut se faire vacciner et quand ?
Comment ça se passe? La vaccination contre le Covid-19 se fait en deux temps : une première injection intramusculaire dans le bras, suivi d’une seconde après un délai de trois à quatre semaines.
• Jusqu’à la fin du mois de janvier, la France est dans la première phase de la campagne de vaccination. Après les résidents des Ehpad vaccinés en priorité, le personnel des établissements accueillant les personnes âges, les soignants et les pompiers de plus de 50 ans ou fragiles peuvent bénéficier du vaccin. Depuis le 18 janvier, les personnes âgées de plus de 75 ans mais également les personnes «présentant une des pathologies conduisant à un très haut risque de forme grave de la maladie» (insuffisance rénale chronique sévère, personnes transplantées d’organe, atteintes de trisomie 21, de cancers avancés….), quel que soit leur âge ont la possibilité de se faire vacciner sur rendez-vous dans l’un des centres de vaccination ouverts sur l’ensemble du territoire. Cela concerne potentiellement 6,4 millions de personnes.
L’inscription se fait via via le numéro national 0800 009 110 ou en appelant directement un centre de vaccination référencé sur sante.fr. Ou en utilisant les plateformes de prise de rendez-vous médical en ligne – Doctolib, Maiia et Keldoc. Plus de précisions dans notre article:
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• En février, la deuxième phase de la campagne de vaccination (14 millions de personnes) s’adressera aux Français et Françaises âgés de plus de 65 à 74 ans vivant à domicile.
• Enfin au 3e trimestre 2021, la troisième phase élargit la vaccination tout d’abord aux personnes de plus de 50 ans puis aux professionnels des secteurs essentiels au fonctionnement du pays, aux personnes vulnérables et précaires et enfin au reste de la population majeure. Les enfants et adolescents ne sont donc pas concernés par la vaccination au Covid-19.
Faut-il se vacciner si on a déjà eu le Covid? Selon la Haute autorité de santé, il n’y a pas lieu de vacciner systématiquement les personnes ayant déjà développé une forme symptomatique du Covid-19. Elles peuvent toutefois en bénéficier avec l’accord de leur médecin et après un délai minimal de 3 mois à partir du début des symptômes.
3. Pfizer, Moderna, AstraZeneca… Quels sont les vaccins disponibles contre le Covid-19?
L’OMS recense à ce jour 63 candidats vaccins contre le SARS-CoV-2 en phase d’essais cliniques chez l’homme à travers le monde. Parmi eux, 15 ont déjà atteint la phase 3, où l’efficacité du vaccin est mesurée à grande échelle.
En Europe, trois vaccins ont pour le moment été autorisés par la Commission européenne après avis favorable de l’Agence européenne du médicament (EMA). Celui du germano-américain Pfizer/BioNTech le 21 décembre, celui de l’américain Moderna le 6 janvier. Ils ont, dans la foulée, obtenu de la Haute Autorité de Santé l’autorisation de mise sur le marché français. Un troisième vaccin, celui du suédo-britannique Astra-Zeneca/Oxford a été approuvé le 29 janvier par l’EMA.
Un autre vaccin est en cours d’évaluation par l’EMA : l’américain Johnson & Johnson/Janssen. Le vaccin allemand CureVac n’a pas encore été soumis à l’EMA et le seul vaccin français, développé par Sanofi et GSK, ne serait disponible qu’au dernier trimestre 2021.
Au total, l’Union européenne a conclu sept contrats avec Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Johnson & Johnson, Sanofi, CureVac et dernièrement Valneva, pour un total de 2,5 milliards de doses. Et un huitième accord (avec Novavax) est en bonne voie. De quoi vacciner l’ensemble de la population européenne.
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La France dispose de 15% des précommandes européennes de vaccins, soit à terme plus de 200 millions de doses selon le ministère de la Santé. Jusqu’à présent, la France dispose de plus de 2,5 millions de doses de vaccin anti-Covid.
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4. ARN messager, vecteur viral, virus atténué… Quels types de vaccin?
Les vaccins développés contre le coronavirus SARS-CoV-2 utilisent différentes techniques.
Les vaccins à ARN messager (ARNm): Ce sont ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna et CureVac. Pour les deux premiers déjà commercialisés, le taux d’efficacité annoncé est de 95 et 94%. Cette technologie très récente utilise des fragments d’ARN du virus qui, une fois dans les cellules de l’organisme, vont leur faire fabriquer des protéines virales qui vont déclencher la réaction immunitaire. Cet ARN est ensuite rapidement éliminé par l’organisme et ne pénètre jamais dans le noyau de la cellule et n’a aucune action sur le génome, précise le ministère de la Santé. L’inconvénient? Ils ne peuvent être stockés à long terme qu’à très basse température (-70° Celsius pour le premier, -20°C pour le second).
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Les «vaccins à virus inactivé» et les «vaccins à virus vivant atténué»: C’est la méthode la plus courante déjà utilisée pour la grippe, la rubéole ou la rougeole et développée contre le Covid-19 par les chinois Sinovac et Sinopharm. Ces vaccins reposent sur une injection du virus entier préalablement rendu inoffensif afin de déclencher une réponse immunitaire en cas d’infection.
Les vaccins à «vecteur viral non réplicatif»: Ce sont ceux d’AstraZeneca et Janssen. Un virus inoffensif est utilisé pour transporter le matériel génétique du coronavirus, fabriquant la protéine qui enclenchera une réponse immunitaire. Si des doutes subsistent sur le taux d’efficacité du vaccin d’AstraZeneca déjà déployé au Royaume-Uni, il présente l’avantage d’être conservé à la température d’un réfrigérateur, soit entre deux et huit degrés Celsius.
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Le vaccin développé par Sanofi Pasteur avec l’anglais GSK est basé sur la méthode de protéine recombinante. On ne présente pas le virus en entier, mais des fragments de son enveloppe ou son enveloppe vidée du virus. Les vaccins contre l’hépatite B ou le papillomavirus sont fabriqués selon cette méthode.
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5. Pourquoi se faire vacciner?
La vaccination contre le Covid-19, qui est gratuite en France, n’est pas obligatoire. L’objectif de la campagne déterminé par le ministère de la Santé est de faire baisser le nombre des formes graves de COVID-19. Le second objectif plus incertain est de réduire le risque de transmission du virus d’une personne à l’autre. Or, si le vaccin protège d’une infection «profonde», le virus peut éventuellement être transmis, sans provoquer de symptôme autre qu’un léger rhume. La contagiosité sera donc plus faible mais pas éliminée. Le respect des gestes barrières reste donc de mise en attendant une immunité collective qui ne serait pas atteignable en 2021 selon l’OMS. Le gouvernement a pour le moment écarté le principe d’un «passeport vaccinal» qui autoriserait les personnes vaccinées à accéder à certains services ou lieux.
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Selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro et Franceinfo, une majorité de Français (56 %) souhaite désormais se faire protéger contre le Covid-19. Ils étaient 42% avant Noël et le début de la campagne de vaccination.
6. Doit-on craindre des effets secondaires?
Les effets secondaires associés aux vaccins anti Covid autorisés en France sont principalement légers à modérés: des douleurs au point d’entrée de l’injection, frissons, fièvres ou maux de tête. De rares cas de réactions allergiques graves ont cependant été signalés lors des essais cliniques et des premières semaines de vaccination. Seulement une personne sur 100.000 en ce qui concerne le vaccin Pfizer/BioNTech selon les autorités sanitaires américaines. Si le rapport bénéfice/risque n’est pas remis en cause pour la population générale, la Haute Autorité de santé a donc décidé de ne pas recommander la vaccination«aux personnes ayant présenté des manifestations allergiques graves comme des réactions anaphylactiques». Le vaccin est bien sûr contre-indiqué en cas d’hypersensibilité à la substance active ou à l’un de ses excipients.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en place un dispositif spécifique de surveillance renforcée des effets indésirables des vaccins anti-Covid-19 sur le territoire français. Sur signalement-sante.gouv.fr, les professionnels de santé et les usagers peuvent signaler tout effet indésirable à la suite d’une vaccination. Selon son dernier point de situation du 22 janvier, un peu plus de 140 cas d’effets indésirables ont été répertoriés avec le vaccin Pfizer/BioNTech. La majorité des effets sont attendus ou non graves comme la fièvre, les maux de tête et les nausées. 31 cas d’effets indésirables graves ont été analysés dont 4 cas d’épisodes de tachycardie qui nécessitent des investigations supplémentaires. Pour les 9 cas de décès rapportés, concernant des personnes âgées résidant en EHPAD ou en résidence vieillesse, l’ANSM précise qu’«au regard des éléments dont nous disposons à ce jour, rien ne permet de conclure que ces décès sont liés à la vaccination.» Enfin, «aucun cas d’effet indésirable avec le vaccin Moderna n’a été déclaré», rapporte encore l’agence. L’Agence européenne du médicament (EMA) a de son côté annoncé, le 29 janvier, que le vaccin Pfizer/BioNTech n’a pas de lien avec les décès post-vaccination signalés.
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